VACRE – Chapitre 1.2


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« Des correspondants par pigeon express? » Tante Liu regarda Wu Xingzi avec un visage troublé.

« Ah oui. » Wu Xingzi se frotta la joue et décida de tout déballer: « Tante, vous savez déjà que j’aurai quarante ans l’année prochaine. Même en atteignant cet âge-là, je n’ai toujours ni perspectives ni argent, et j’aime aussi les hommes. Ce n’est vraiment pas facile de me trouver un partenaire.  »

« C’est vrai… » Tante Liu hocha la tête sciemment. Le visage de Wu Xingzi devint pâle et il se sentit encore plus désespéré quant à son avenir.

« Donc, grâce au pigeon express, j’ai pensé que je pourrais être en mesure de me trouver quelqu’un… » Wu Xingzi effaça silencieusement les souffrances de son cœur meurtri, son ton léger comme s’il parlait de quelqu’un d’autre.

« C’est possible… » Tante Liu hocha de nouveau la tête, puis demanda, « Est-il sans danger de se faire des amis grâce au pigeon express? » C’était quelque chose de nouveau pour elle, et tante Liu ne comprenait pas bien le concept. Dans le comté de Qingcheng, les pigeons étaient considérés seulement comme de la nourriture. Ils étaient si pauvres qu’ils pouvaient même mourir de faim, qui aurait l’énergie d’élever des pigeons afin d’établir une correspondance? Les pigeons étaient si délicieux, gras et tendres, après les avoir braisés, ils devenaient… Tante Liu commençait déjà à saliver, rien qu’en y pensant.

« Euh, ça devrait être sans danger. » Wu Xingzi hocha la tête, ses oreilles rougissant faiblement. « Ces jours-ci, je suis allé à Goose City pour récupérer le courrier que j’ai reçu par pigeon express. »

« Oh, alors c’est ainsi… » marmonna tante Liu. « Xingzi, ta tante peut ne pas y connaitre grand-chose, mais cela reste toujours quelque peu risqué, de ne pas pouvoir voir le visage de l’autre personne. Tu dois être prudent, si tu veux vraiment te trouver un partenaire, ta tante peut aussi aller se renseigner pour toi. »

« Pas besoin de vous déranger pour moi, ma tante. » Wu Xingzi tapota le dos de la main de tante Liu pour l’apaiser. Il leva les yeux vers le ciel, le soleil était déjà à son zénith. Il était déjà trop tard pour lui de se rendre à Goose City, et il eut l’air quelque peu dépité. « Oncle Liu, je vous prie de me conduire demain à Goose City. » Le vieux Liu ne dit rien, il tira sur sa pipe et hocha légèrement la tête.

Après avoir conclu cette conversation, Wu Xingzi prévoyait de se rendre au bureau du magistrat pour travailler encore un peu. Le comté de Qingcheng était petit et les conditions de vie y étaient dures. Même des voleurs éviteraient de se rendre dans ce comté. À part les querelles occasionnelles entre familles et des voisins, le bureau du magistrat n’avait rien d’autre à gérer. De ce fait, Wu Xingzi pouvait fuir à Goose City tous les deux jours sans que le magistrat du comté ne lui jette le moindre regard désapprobateur.

Ayant obtenu les informations qu’elle voulait, tante Liu ne retint pas non plus Wu Xingzi d’avantage. Elle le libéra après lui avoir fourré un panier de pain cuit à la vapeur dans les bras.

Une fois qu’elle s’assura que Wu Xingzi s’était bien éloigné, elle ramassa un panier de légumes de montagnes et accouru chez Zhang Ahniu, sa voisine, afin de partager les derniers potins. En quelques jours, la nouvelle que Wu Xingzi se faisait des amis par pigeon express s’était à nouveau propagée dans la moitié du comté de Qingcheng. Pour une raison quelconque, cela donna naissance à une nouvelle une tendance, celle d’élever les pigeons pour livrer le courrier, mais ceci était une autre histoire.

Incapable de se rendre à Goose City pour récupérer son courrier, Wu Xingzi se sentait un peu déçu.

Cette correspondance par pigeon express, il l’avait entrepris il y a un mois de cela.

En tant qu’homme, il n’y avait aucun problème avec son apparence. Ses yeux flanquaient son nez des deux cotés, ses sourcils étaient inclinés vers le bas en dehors, son nez était charnu et un peu rond, il avait un philtrum court, par conséquent, sa bouche et son nez étaient un peu trop rapprochés. Cependant, ses lèvres étaient charnues et pleines. Selon les sciences d’étude des traits du visage, c’était un signe qu’il se saurait préserver sa richesse.

Bien que l’apparence de Wu Xingzi était loin d’être séduisante, il semblait très accessible. C’est grâce à une telle apparence qu’il avait pu décrocher le poste de conseiller du magistrat.

Lorsque Wu Xingzi avait environ seize ou dix-sept ans, tous les membres de sa famille décédèrent, ne lui laissant rien derrière eux.

Son père était autrefois un érudit qui avait réussi les examens impériaux du pays. Cependant, il n’avait pas poursuivi ses études. L’une des raisons était qu’il n’avait pas assez d’argent pour passer le reste des examens, et la deuxième étant qu’il n’était pas assez talentueux pour jouir des honneurs plus élevés. Cependant, le père Wu était une personne réaliste, il décida plutôt d’ouvrir une école privée dans sa ville natale et réussit, en ce faisant, à subvenir aux besoins de sa famille.

Étant jeune, le talent de Wu Xingzi étaient très moyen, il n’arrivait pas à se démarquer pas du lot, sans pour autant traîner derrière. Après avoir passé les examens d’apprentissage au niveau de son district, il a alors… Alors, rien.

La famille Wu n’avait toujours eu qu’un fils à chaque génération, après le décès des grands-parents de Wu Xingzi, seuls trois membres restaient encore en vie. Sa mère avait aussi très peu famille de son côté, ces proches avaient quitté le comté de Qingcheng depuis longtemps, et personne ne savait où ils étaient allés s’installer. Par conséquent, il fut le seul survivant parmi sa famille, lors de l’inondation massive qui s’était produite quand il avait l’âge de seize ans.

Comme il n’y avait pas beaucoup de gens capables de lire ou d’écrire dans le comté, Wu Xingzi pouvait être considéré comme étant au-dessus de la moyenne. Grâce à ses compétences en lecture et en écriture, ainsi qu’à la sympathie que lui portait le magistrat, il l’avait engagé comme conseiller. Bien que le salaire n’était pas élevé, il lui était suffisant pour vivre. Les magistrats affectés au comté de Qingcheng étaient également généralement à l’abri de la corruption et n’étaient donc pas en mesure d’amener leurs propres conseillers. Ainsi, la position de Wu Xingzi demeura inébranlable, et il avait réussi à garder ce poste jusqu’à présent.

Wu Xingzi ne s’était encore jamais plein de ce genre de vie. Cependant, au fil des années, alors qu’il vieillissait petit à petit, sa maison demeurait toujours vide. Un jour, il sentit soudain que sa vie était trop ennuyeuse et se demanda pourquoi il devrait continuer à vivre ainsi, sans but.

Une fois que cette pensée fit surface, il ne pouvait plus s’arrêter d’y réfléchir.

Ainsi, après avoir fixé les murs de sa demeure pendant une journée et une nuit entière, Wu Xingzi décida de mettre fin à sa vie le jour de son quarantième anniversaire.


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